C’est quoi l’entraînement mental ?
En discutant avec un entraîneur de basket de haut-niveau, nous sommes venus à parler d’entraînement mental plutôt que de préparation mentale. Pourquoi ?
Parce que la préparation mentale est là pour aider les personnes à « s’entraîner » mentalement. Il est souvent complexe de modifier ses habitudes, ses comportements, etc… Il est donc indispensable de s’entraîner mentalement afin que la répétition de ces changements devienne automatisée et puissent être réalisés en compétition.
Les habitudes sont présentes depuis toujours et, il est donc très compliqué de les modifier. En revanche, au lieu de les modifier nous pouvons créer de nouvelles habitudes qui prendront la place des précédents avec la répétition. Cela dit, il est important d’avoir conscience que dans des jours plus difficiles (fatigue, défaite, mauvaise humeur), les anciennes habitudes peuvent réapparaître. C’est pourquoi l’entraînement mental doit être régulier et permanent.

Le travail mental doit dépasser le simple cadre du sport. S’entrainer mentalement ne signifie donc pas s’entrainer uniquement sur le terrain, mais aussi tous les jours en dehors. C’est pourquoi il peut être complexe pour l’entraineur d’être aussi « préparateur mental ». Entrainer implique une posture et un relationnel spécifique dédiés à l’activité. La posture du préparateur mental est différente, au service du joueur et de l’entraineur. Son objectif est de rendre le joueur autonome. La relation est donc différente. Mais bien évidemment, l’entraîneur a la possibilité d’intégrer dans ses habitudes, des outils de préparation mentale afin de potentialiser la performance du joueur.
L’objectif de cet article est de présenter un ensemble de connaissances aux entraîneurs de basket pour les aider dans leur rôle en proposant des pistes de travail. Ainsi, ils pourront intégrer un travail d’optimisation de la performance dans leur pédagogie et s’ouvrir à une vision plus large que celle accordée seulement à la technique, au physique et aux résultats.
Un entraîneur peut également se faire accompagner par un préparateur mental, comme cela se fait beaucoup à l’étranger depuis un certain temps….
La place de l’aspect mental dans l’entraînement du joueur de basket-ball.
L’aspect mental est encore peu connu aujourd’hui en France, même si cela se développe de plus en plus. La technique et la tactique sont encore le premier axe d’apprentissage en France alors que ce n’est pas toujours le cas dans beaucoup d’autres pays où le jeu et l’efficacité sont en ligne de mire. Je pense que nous, français, prenons du retard par rapport à beaucoup de sportifs et dirigeants étrangers qui ont intégré ce travail depuis un certain moment déjà.
La technique est un outil fondamental au basket et elle doit être travaillée et retravaillée sans cesse pour que le sportif l’automatise. Toutefois, elle est un outil au service du jeu et de l’intention. Or, nous observons que les habitudes liées à la place de l’apprentissage technique chez les entraineurs de basket restent ancrées dans la pédagogie et dans la profession. Pourtant, il est primordial de mettre en avant l’intention qui mène à l’efficacité, dans la mise en place des schémas neuropsychologique. Il ne s’agit pas de minimiser la place de la technique dans l’entraînement mais d’agir de manière différente, cela peut amener de nouveaux comportements plus performants.

Prenons l’exemple de la musique : la technique et la vélocité sont fondamentales certes, mais ce sont la qualité du son et la transmission des émotions qui priment. Être enfermé dans sa technique (même si celle-ci est excellente), peut limiter l’efficacité et la transmission des émotions. Le rôle de l’apprentissage de la technique est de pouvoir l’utiliser en fonction de n’importe quelle situation et de pouvoir s’en détacher.
Pourquoi intégrer l’entrainement mental dans les entrainements et dans la pédagogie de l’entraineur ?
Le temps de jeu effectif représente 30 à 40 % du temps d’un match de basket. Par conséquent, le temps au cours duquel le joueur fait face à ses propres émotions et réflexions est très important (entre 60 et 70 % de la durée d’un match). En revanche, ce rapport est très souvent inversé à l’entraînement ! Ce constat fait ressortir une première piste de réflexion : l’entrainement correspond-il aux exigences rencontrées en match ? Combien de temps acteurs du jeu consacrent-ils à travailler et à aborder les phases de « non jeu » : préparation juste avant le match ou récupération après, temps morts, phases de lancer-francs, mi-temps, temps de non jeu pendant une faute ?
Un autre paramètre doit être pris en compte : pour pouvoir utiliser une habileté, il faut l’avoir travaillée au préalable pendant un certain temps, en dehors et sur le terrain. Il ne suffit pas de faire quelques respirations abdominales et un peu d’imagerie mentale avant de tirer un lancer-franc pour que cela soit efficace. Le travail de répétition et de mise en place reste fondamental, ce qui nécessite qu’il soit intégré dans la programmation, tout comme les autres facteurs de performance du joueur (préparation physique par exemple…). En englobant cette démarche dans sa manière de travailler, l’entraîneur va pouvoir transmettre un grand nombre d’éléments de différentes façons : par son discours, par les situations mises en place, par les feed-backs.
Si l’entraineur est convaincu de l’utilité de ce travail, ses interventions seront plus pertinentes. Il est donc nécessaire de se poser plusieurs questions afin de définir sa démarche et son profil d’entraîneur (Miley et Crespo, 1999).
- Qui souhaitez-vous être comme entraineur ?
- Comment souhaitez-vous réagir dans telle ou telle situation ?
- Quel travail désirez-vous proposer selon ce que vous cherchez à obtenir et en fonction des caractéristiques de votre joueur ?
Cela implique de modifier ses méthodes en tant qu’entraîneur et accepter de se remettre en question. Modifier ses habitudes est un grand changement et comme dit précédemment, le changement est difficile et ne se résume pas seulement à de la volonté.
Combien d’entraineurs se sont déjà filmés en séance ou ont demandé un avis extérieur pour s’auto-confronter ? Accepter le changement, modifier ses pratiques, intégrer les choses… Tout cela n’est pas facile pour le joueur comme pour l’entraineur. Le changement entraine une perte de repère, une désorganisation et des doutes qui provoquent une certaine révolution dans ses pratiques.

Pour modifier son approche de l’entrainement, il faut comprendre que l’entraîneur n’est pas le seul à connaître le chemin de la réussite et qu’il est primordiale de s’entourer ou bien de se former afin de reconsidérer le public des joueurs de basket avec leurs caractéristiques propres, leurs évolutions… (Gaillard, 2014) afin de mieux appréhender l’entrainement et sa programmation.
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